Le climat en Occitanie et son évolution
V • Une adaptation des élevages herbivore face aux enjeux climatiques
Le climat en Occitanie et son évolution
Figure 82: Typologie climatique du territoire d’Occitanie par CRNS et INRAE en 2010
Le climat en Occitanie est très diversifié. La région est l’une des plus ensoleillées de France avec plus de 2 000 heures de soleil par an. Le littoral languedocien est soumis à un climat méditerranéen franc, caractérisé par des étés chauds et des gelées peu fréquentes. Le Bassin Sud-Ouest est soumis à des étés chauds et secs, inégalement arrosés. Cette région est balayée par 2 vents dominants : l’Autan avec ses rafales de sud-est qui dessèchent les cultures et le vent d’ouest, porteur de pluie.
Le climat de montagne est présent dans le Massif Central et dans les Pyrénées avec comme caractéristiques, une baisse régulière des températures et une augmentation des précipitations.
Comme toutes les régions de France, l’Occitanie connait une hausse des températures depuis les années 1980. En moyenne, la région se réchauffe de 0,3°C par décennie. En revanche, les précipitations n’augmentent pas et les phénomènes de sécheresse s’intensifient.
Depuis les années 1960, les températures ont augmenté entre +1,81°C et + 2,24°C au niveau de la région.
Cette augmentation est également marquée au niveau du nombre de jours estivaux (> 25°C). Sur les 10 stations en région, on constate une croissance évaluée entre + 32 et + 41 jours estivaux selon les départements.
Figure 83: Evolution de la température moyenne annuelle en 62 ans (1961-2023),
ORACLE, Chambre d’Agriculture d’Occitanie, Météo France, 2023
Un changement climatique qui a un impact sur les rendements
L’augmentation des températures modifie les dates de premières fauches. Cette date est déterminée grâce à la somme des degrés jours en base 0°C à partir du 01/02 de l’année. Un seuil est défini, dès que la somme atteint ce seuil, la croissance de l’herbe est estimée suffisante pour la première fauche.
Les variations climatiques entrainent des variabilités en termes de rendements. Ainsi dans la région, il n’est pas rare d’observer des différences de rendement de 20 q/ha entre 2 années consécutives pour un blé tendre. Les rendements en maïs grain sont souvent maintenus par l’irrigation lorsqu’elle est possible.
L’ensemble des modifications climatiques entraînent des conséquences sur la production de fourrage en impactant la quantité de matière sèche disponible ou bien en variant la qualité. Les périodes de sécheresses vont entrainer des démarrages plus précoces avec des cycles plus courts, une pousse estivale difficile et une reprise plus tardive à l’automne. La production de fourrage est plus difficile. La gestion des stocks est un enjeu crucial pour la survie d’une exploitation herbivore.
Les aléas climatiques, connus d’années en années, ont un impact significatif sur la quantité de fourrage disponible. L’observatoire régional sur l‘agriculture et le changement climatique indique ces pertes en fonction des espaces de la région. En Haute Garonne, la perte en matière sèche de fourrage est estimée à 13q/ha par décennie tandis que le Gers connait un recul de 25 q/ha par décennie .
Sécurisation alimentaire du troupeau : adapter le système alimentaire des animaux
La sécurisation de la ressource en fourrage devient donc une action primordiale pour le maintien des élevages en Occitanie. Pour s’adapter, les éleveurs peuvent s’appuyer sur la diversité des ressources fourragères. L’utilisation de prairies semées multi-espèces peut permettre une sécurisation de la récolte avec des espèces résilientes au changement climatique. Les méteils fourragers peuvent constituer un apport en fourrage mais aussi en protéines, c’est une solution d’atténuation et d’adaptation aux aléas climatiques. L’accès aux ressources pastorales est un avantage pour certains éleveurs. L’implantation de prairies multi-espèces est une solution à développer pour améliorer l’autonomie fourragère. Ces prairies associent plusieurs graminées et légumineuses qui sont davantage résistantes aux stress climatiques et nécessitent moins voire pas d’apports azotés. Elles sont riches en protéines et permettent de réduire les achats de concentrés azotés pour l’alimentation animale. Une prairie multi-espèces correspond à une prairie temporaire composée d’au moins 2 à 3 espèces, légumineuses et graminées. Par la diversité d’espèces, ce type de prairies s’adapte mieux aux différents parcellaires. Les prairies multi-espèces sont aussi plus résistantes aux aléas climatiques (sécheresse, fortes températures, excès d’eau)
Le pâturage tournant dynamique se développe en Occitanie. C’est une technique de gestion des surfaces en herbe qui consiste à déplacer son troupeau de parcelles en parcelles au maximum tous les trois jours. Les animaux vont donc brouter une herbe fraiche en permanence tout en ayant un impact moindre sur la pousse de l’herbe. L’objectif est de pâturer une herbe toujours au bon stade végétatif.
Point info:
La graminée dépourvue de feuille puise dans ses réserves pour faire sa première feuille ; à la deuxième feuille la plante constitue une partie de ses réserves et à la troisième feuille ses réserves sont totalement reconstituées : c’est le moment de la faire pâturer !
Un réchauffement qui impacte le bétail
La période estivale avec ses pics de températures de plus en plus élevés et surtout plus nombreux, met les animaux d’élevage et plus particulièrement les ruminants en situation d’inconfort voir de stress thermique. Jusqu’à 25 °C, les bovins s’adaptent et connaissent un niveau de stress supportable. Au-delà de 30 °C, les animaux entrent dans un stress sévère et certaines de leurs fonctions métaboliques s’en trouvent altérées. Pour maintenir une température corporelle d’environ 38,5 °C, les bovins diminuent leur ingestion de 10 à 35% selon la digestibilité de la ration et de l’accessibilité aux zones d’ombre.
Ils boivent davantage et se déplacent moins. Cette baisse générale de leur état nutritionnel et leur santé impacte les systèmes laitiers où la production baisse et perd en qualité ; de même pour les systèmes allaitants qui observent une baisse de la qualité de la viande
Le projet BATCOOL, mené par la chambre d’agriculture d’Occitanie et associant de nombreux partenaires, vise à adapter les bâtiments d’élevage au changement climatique.
Une augmentation des vecteurs de maladie
Depuis 2023, La maladie hémorragique épizootique a été détectée en France. Sa propagation est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de la maladie de survivre dans nos régions. C’est une maladie virale non contagieuse qui affecte uniquement certains animaux, principalement les bovins. Elle ne se transmet pas aux humains. Chez les bovins, cette maladie se traduit par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire. Seuls les moucherons Culicoïdes peuvent transmettre la maladie, en piquant un animal sain après avoir piqué auparavant un animal malade.
Les ruminants sont aussi impactés par la fièvre catarrhale ovine (FCO), également transmise par des moucherons.
En aval, la diminution et la modification de la consommation d’énergie est la priorité
Les professionnels de l’aval sont sensibilisés au changement climatique. Chaque maillon œuvre pour économiser de l’énergie.
Au niveau des abattoirs, un grand nombre d’entre eux ont modifié leurs systèmes de production de froid notamment en changeant de gaz réfrigérant. Certains gaz réfrigérants contribuent à la dégradation de la couche d’ozone ou sont des gaz à effet de serre. Le recours aux énergies renouvelables se développe dans les outils d’abattage, de nombreux projets de panneaux solaires émergent.
Dans les boucheries, l’utilisation des éclairages LED devient la norme. C’est par exemple le cas de la boucherie-charcuterie Manse à Bagnères de Bigorre dans les Hautes Pyrénées qui a modifié ses éclairages et changé les joints de ses frigos pour éviter les pertes de froid.
D’ici 2028, les parkings des GMS devront être équipés de panneaux photovoltaïques.
« Nous travaillons sur l’optimisation des transports pour s’adapter au changement climatique, 40% des flux ne passent plus dans les centrales d’achat » Jean Luc Claudios, Système U Vendargu